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Yann Rousselin, fondateur du COAM (Cours d'Œnologie And More)

Fondateur du COAM (Cours d'Œnologie And More), auteur du blog www.le-vin-pas-a-pas.com; créateur des Masterclass de la Dégustation, premier programme de formation continue au vin à distance; initiateur des programmes de formations francophones à distance du WSET (Wine and Spirit Education Trust), formateur et consultant en vin depuis douze ans, Yann Rousselin s'est constitué un grand arsenal pour transmettre son métier et sa passion avant tout.

Son modus operandi : une pédagogie claire, implacable, permettant de comprendre et de bien assimiler les informations.

Sa devise : "Plus que former au vin, vous transmettre ma passion !

Entre Paris et Alicante, ses deux villes de résidence, Yann a accepté de répondre à quelques questions sur son parcours, ses projets actuels et futurs...

Bonjour Yann Rousselin et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pour commencer pourriez-vous nous parler de votre parcours.

Bonjour Frédéric, et merci pour l’interview.
J’ai créé l’école de dégustation le COAM il y a 12 ans.
Par passion d’abord. La passion a toujours été mon moteur, et c’est elle qui m’a poussé à prendre le risque de me consacrer entièrement au vin.
Yann Rousselin devant le Coam 6 Passage Saint-Michel, 75017 ParisCar à la base, ce n’était pas ma « voie » : je ne suis pas issu du milieu du vin, j’ai une formation d’ingénieur MBA, j’ai travaillé d’abord dans l’industrie. La dégustation, c’était mon hobby.

Par la suite, je me suis formé à la biochimie œnologique, puis je suis devenu technicien supérieur en viticulture et œnologie. J’ai voulu me consacrer entièrement à la formation au vin, pour le plaisir de transmettre.
Mon objectif était (et est toujours) d’aider les gens à bien connaître l’univers si vaste et si complexe du vin, car plus on développe ses connaissances, plus le plaisir de la dégustation est important.

À mon échelle, je veux contribuer à changer un peu la vie des gens : leur permettre de se consacrer professionnellement au vin si c’est leur souhait, et en tous les cas, être en quelque sorte un « transmetteur » de passion : en parlant du vin avec enthousiasme, voire avec amour (n’ayons pas peur des mots ! ), on allume une petite flamme pour faire naître une passion chez les gens.

Entre les cours du COAM, les podcasts du blog le vin pas à pas, les Masterclass de la dégustation, quels sont votre maîtres mots en matière de formation et de pédagogie ?

Que ce soit dans les cours présentiels du COAM, les formations à distance comme les Masterclass, les réflexions via les podcasts et les articles de blog, j’essaye toujours de transmettre des repères clairs.

Yann Rousselin - Le Coam - Les Masterclass de la DégustationMon but est de vulgariser des concepts complexes (et dans le vin, on n’en manque pas..) pour les rendre assimilables : cela consiste à créer des repères, des techniques, des méthodes, des outils pratiques… quel que soit le nom que l’on donne à cela.. pour permettre au dégustateur de comprendre le vin.

Et au-delà de ce travail pédagogique de vulgarisation, j’attache beaucoup d’importance à l’attitude du formateur, son état d’esprit au moment de transmettre. La passion, ça se sent. Et quand ça se sent, ça se transmet. Et quand ça se transmet, on fait beaucoup plus que juste former. On inspire.

Aujourd’hui vous vivez entre la Région Parisienne et Alicante en Espagne. Y a-t-il une façon différente d'envisager vos interventions entre ces deux lieux ?

Oui. Le marché de la formation œnologique n’a pas la même maturité en Espagne qu’en France.

En Espagne, l’approche est plus informelle, moins scolaire. Quand on déguste du vin, c’est avant tout pour passer un bon moment, partager quelques bons plans sur le vin.
La formation formelle s’adresse à un marché plus élitiste , voire plus professionnel. Mais tout cela bouge, c’est une évolution constante et je pense que dans les prochaines années, la formation pure et dure va toucher un plus grand public en Espagne. C’est un pays où la culture du vin est évidemment très présente, on est quand même dans le plus grand pays viticole en terme de surfaces de vigne, mais les habitudes de consommation ne sont pas les mêmes. Les jeunes boivent de la bière et très souvent, les bodegas proposent parmi leurs cuvées, des vins d’entrée de gamme pour avoir une chance de toucher un public de masse. On se dit qu’il faut proposer un prix très accessible, car sinon il n’y aurait pas de clients. Et logiquement à un prix entrée de gamme, on ne peut pas se permettre de produire le même niveau de qualité qu’à un prix supérieur. C’est le serpent qui se mord la queue ..

Bon, il y aussi d’excellents vins, et des rapports qualité/prix impressionnants. Mais de manière générale, un consommateur lambda en Espagne n’est clairement pas prêt à mettre le même budget par bouteille qu’en France !

Le marché mondial du vin évolue, et l’Espagne a bien compris qu’un positionnement entrée de gamme a ses limites, quand la production mondiale augmente et que plusieurs régions du nouveau monde (sans compter la Chine) se positionnent sur le même secteur.
Ce contexte contribue donc à faire évoluer la production espagnole vers du plus qualitatif. Ce qui est une bonne chose pour la formation œnologique, car celui qui cherche à consommer bien et bon, est plus disposé à se former pour y parvenir.

Sur quels critères choisissez vous les thématiques mensuelles des Masterclass de la Dégustation? Comment abordez-vous les travaux théoriques, pratiques et techniques ? Une thématique a-t-elle votre faveur ou une autre... votre défaveur?

Je cherche à faire des formations très ciblées, pour pouvoir aller plus loin dans le détail et dans la technique. Il n’est pas rare que je parte sur une appellation précise (Sancerre, Chablis, la Rioja ..), un cépage (comme ce fut le cas pour le Pinot Noir), une technique de vinif ou d’élevage (le fût, le rosé, …).

J’aime écouter les suggestions des membres des Masterclass. Comme je le fais pour les podcasts, l’échange avec les dégustateurs me donne toujours plein d’idées !
Yann Rousselin - Les Masterclass de la Dégustation - Extrait visuelUne fois la thématique sélectionnée, j‘élabore un préplan, pour coucher rapidement les idées et les thèmes que je souhaite aborder : telle caractéristique sur le climat, telle spécificité sur le terroir, … c’est un travail préparatoire qui permet d’avoir une vue globale de tout ce qui doit être abordé.

Et puis après, il y a un gros travail de recherche pour rassembler des informations aussi précises et aussi techniques que possible : avec le temps, j’ai certes pas mal de ressources œnologiques, quelques ouvrages de référence. Mais le vin est en évolution constante, alors je fais en sorte d’avoir de l’information actualisée. Cela passe par les échanges avec les
interprofessions, mais aussi le contact avec les vignerons.. notamment pour préparer la partie dégustation.

Puis j’organise cette information, je la structure, je la trie, et je fais un travail pédagogique sur la présentation de cette information. Je parlais tout à l’heure de la création de repères, d’outils pratiques, pour rendre les connaissances assimilables et plus faciles d’accès. C’est de cela qu’il s’agit.  

Aurions-nous la chance d'avoir en primeur quelques indices sur de futurs projets ? 

Oui, il y a toujours plein de projets en cours au Coam ! Des idées de projets, j'en ai tout le temps, le tout est de bien les sélectionner, de prendre le temps d'y réfléchir tranquillement, et de voir ce qu'il est possible d'en faire. 

Je te parlerai principalement de ce que je prévois au sein des Masterclass : je souhaite proposer de temps en temps des coffrets "éditions limitées": certaines éditions limitées porteront sur des grands vins de France, d'autres sur des vins légendaires du Monde, ... le but des "éditions limitées" n'est pas de faire des formations aussi poussées que les Masterclass classiques, mais plutôt de faire découvrir des vins. 

Je travaille aussi sur le centre de ressources lié aux Masterclass , qui permet de proposer aux abonnés du contenu essentiel pour se former au vin ; en gros, c'est le type de contenu qui revient dans tout apprentissage du vin : connaissance des climats, terroirs, techniques de dégustation, ... pour chaque concept, je veux faire une vidéo pédagogique qui présente de manière simple les repères à retenir.

Il y a aussi d'autres projets dont on reparlera prochainement, certains bien avancés, d'autres à peine définis.
On en reparlera donc. 

En terme de vin, quels sont vos pays ou régions viticoles ou appellations ou cépages de prédilection?

Vaste question. Je crois que dans tout pays, dans toute région, il y a des gens qui valent le déplacement ! pour le vin, c’est pareil. Dans toutes les régions viticoles, on trouve des vignerons qui nous surprennent. Je dis parfois que tout vin a quelque chose à nous dire, pourvu qu’on sache le faire parler. 

Bon désolé, ça ne répond pas exactement à ta question. 
Alors pour être plus précis, voilà quelques exemples concernant des cépages … 
Pour le Pinot noir, j’aime la finesse des Côtes de Nuit, mais j’apprécie aussi particulièrement les pinots noirs d’Oregon (comme Badger Mountain, Sokol Blosser..) , ceux de Marlborough en Nouvelle-Zélande (Clos Henry, Misty Cove..), 
Pour la syrah, pour généraliser un peu, Saint-Joseph, Cornas, Côte Rôtie me donnent souvent de belles expériences de dégustation, mais j’aime aussi voyager … Goûter la rondeur, le volume, des syrah de la Barossa Valley .. de manière générale, pouvoir comparer l’expression d’un même cépage à travers le monde est riche en enseignement. 

Quels conseils ou suggestions donneriez-vous aux personnes qui s'intéressent à la dégustation et/ou à ceux qui souhaiteraient faire carrière dans les métiers du vin ?

Je leur conseillerais 2 choses : se former d’abord (en lisant des livres, en suivant des formations, en dégustant régulièrement, et puis aussi en écoutant mes podcasts !!), et aussi rencontrer des professionnels du vin pour échanger avec eux. C’est toujours enrichissant, et cela permet de mieux définir ce qui vous plait dans le vin, et quelle pierre vous pouvez apporter à l’édifice, si je puis m’exprimer ainsi.

Déguster, ça devrait être une attitude, un mode de vie. L’idéal est d’aller plus loin que la simple « consommation ».
Yann Rousselin

 Question récurrente dans les interviews de Spiritus Vinum : quel est votre meilleur souvenir de dégustation de vin? Et le pire… ou le moins bon ?

Je suis quelqu’un d’assez modéré, et je n’aime pas trop utiliser de superlatifs. Le pire, le meilleur, … c’est un peu trop exclusif !

En ce qui concerne les moins bons souvenirs, il sont souvent liés à la déception, par rapport à l’attente que l’on a d’un vin : Je descends dans la cave, j’ouvre un vieux millésime, et le vin s’est altéré alors que je n’attendais pas encore cela de ce vin. C’est toujours frustrant, non ?

Quant aux meilleurs souvenirs, très sincèrement, je ne sais pas … je suis régulièrement surpris par un vin, impressionné, étonné, .. le meilleur souvenir, c’est le vin que je dégusterai demain pour la première fois et qui va me séduire.
Après, j’aime bien citer Brassens qui estime que le meilleur vin n’est pas nécessairement le plus cher, mais celui qu’on partage. Et quand on parle de souvenir de dégustation, il y a tout un contexte qui entre en jeu : la qualité du vin bien sûr, mais aussi le moment de la dégustation : les amis, la famille, .. qui ont pu accompagner la dégustation. Le millésime, qui représente peut-être quelque chose pour vous, car il peut être lié à un souvenir.. et dans ce cas, déboucher la bouteille, c’est un peu voyager dans le temps.

Avant d'embouteiller cette interview, souhaitez-vous rajouter une dernière chose pour la route ? :-)

Soyez curieux de tous les vins que vous dégustez, et faites-vous confiance : on se plante tous régulièrement dans nos dégustations (pour interpréter un vin dans une dégustation à l’aveugle, par exemple). La dégustation, c’est une école d’humilité qui permet d’apprendre à se faire plaisir !
Je crois que c’est important d’être dans une démarche de dégustation systématique : qu’il s’agisse de vin, de Cognac, d’une belle assiette, d’une petite mousse… l’idéal est d’aller plus loin que la simple « consommation ».
Déguster, ça devrait être une attitude, un mode de vie.

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Propos et photos publiés sur ce site avec l'aimable autorisation de Yann Rousselin

 

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